E. Swan, 6 mars 2025

La cérémonie d’investiture de Donald Trump, ce 20 janvier, a montré au monde entier un spectacle écœurant. On y voit défiler les ordures réactionnaires des quatre coins du globe, venues rendre hommage au nouveau président : Nigel Farage, Éric Zemmour, Javier Milei, Giorgia Meloni, Marion Maréchal Le Pen… tous ceux qui accomplissent la même mission que Trump, mais pour des maîtres différents. Sans oublier bien sûr, les trois hommes les plus riches de la planète : Elon Musk (X, Tesla, SpaceX), Jeff Bezos (le Washington Post, Amazon, Blue Origin) et Mark Zuckerberg (Facebook, Instagram et Threads), qui concentrent entre leurs mains les principaux moyens d’information et de communication, et dont les fortunes s’élèvent respectivement à 421, 248 et 243 milliards de dollars. Ces généreux donateurs ont largement participé au succès de la campagne électorale de Trump. C’est une affaire particulièrement réussie pour Musk, qui s’est acheté une place au sein du nouveau gouvernement comme chef du « Département de l’Efficacité gouvernementale », en versant 270 millions de dollars[1] à la campagne présidentielle de Trump. Les médias ont également célébré « l’amitié» entre Trump et Bernard Arnault (LVMH, les Échos, Le Parisien), précédent détenteur du titre de plus grande fortune mondiale et homme le plus riche de France. Quiconque douterait de l’existence de la bourgeoisie en tant que classe n’aurait qu’à lire la liste des invités pour se convaincre que non seulement elle existe, mais qu’elle est tout à fait consciente de partager des intérêts communs. Tous ces milliardaires reconnaissent Trump comme l’un des leurs, et l’identifient à raison comme le défenseur de leurs intérêts de classe. C’est ce qui explique les donations massives, qui ont atteint 170 millions de dollars[2] rien que pour la cérémonie d’investiture ! Ce n’est qu’un faible prix à payer pour les Musks, les Zuckerbergs et les Arnaults, qui se préparent à engranger des profits records sous la présidence de Trump.
Diviser la classe ouvrière
Pour se maintenir au pouvoir dans une période de fortes tensions entre les classes, la bourgeoisie américaine doit impérativement monter les travailleurs les uns contre les autres et les empêcher de s’unir contre elle. Elle avait donc grandement besoin d’un démagogue réactionnaire comme Trump, qui inonde les médias d’annonces racistes, sexistes et transphobes. Les mesures « chocs » de Trump s’inscrivent dans la même logique. Elles doivent faire diversion auprès de ses électeurs issus de la classe ouvrière et donner l’illusion de défendre leurs intérêts. C’est la raison pour laquelle Trump a affirmé préparer la prison militaire américaine de Guantanamo à accueillir jusqu’à 30 000 migrants sans papiers. Dans le même registre, Kristi Noem, la nouvelle ministre de la sécurité intérieure, a déclaré sur Fox News que « Les habitants de ce pays veulent que ces ordures soient expulsées. Ils veulent que leurs communautés soient en sécurité », après avoir décrété l’annulation du statut de protection temporaire pour plus de 600 000 Vénézuéliens aux États-Unis. Cette démagogie réactionnaire et sécuritaire a pour objectif conscient de diviser les travailleurs américains et les travailleurs immigrés, afin qu’ils ne s’unissent pas dans une lutte commune contre leurs ennemis de classe : les multimilliardaires au pouvoir. Ces derniers se sont d’ailleurs dépêchés d’abandonner tout vernis « progressiste » : Zuckerberg a soudainement déclaré mettre fin au « fact-checking » de Meta et a visé spécifiquement la fin de la modération des contenus sexistes, homophobes et transphobes[3], tout cela, bien évidemment, au nom de la « liberté d’expression ».
Dans la même veine, Disney, McDonald’s, Ford et Google ont annoncé la fin de leurs programmes hypocrites de « diversité, équité et inclusion »[4]. C’est la fin du jeu de dupes pour ces capitalistes, qui dévoilent aux yeux de tous leur froide instrumentalisation des « politiques identitaires » axées sur le langage, la représentation et la symbolique, toutes sortes de mesures inoffensives dans la lutte contre les oppressions. Ces politiques n’ont en réalité jamais été conçues pour améliorer la condition des personnes opprimées. Leur objectif a toujours été d’engranger un maximum de profits, et d’éviter que les travailleurs s’attaquent à la source du problème : le système capitaliste. En définitive, ces méthodes libérales totalement discréditées n’ont fait que renforcer la propagande de l’extrême droite.
Démagogie réactionnaire
De manière générale, les mesures prises par les principaux propriétaires de médias s’inscrivent dans un phénomène plus global de dédiabolisation de l’extrême-droite. Alors que les images des deux saluts nazis de Musk lors de la cérémonie d’investiture présidentielle faisaient le tour du monde, les médias ont tempéré : « Est-ce un salut nazi ou un pauvre geste maladroit ? ». Musk avait auparavant très clairement affiché son soutien à l’extrême droite allemande pour les législatives du 23 février 2025, mais cela aussi devait être une maladresse ! À l’instar de ses acolytes, il tente de dévier à tout prix la haine de classe brûlante qui s’exprime dans tout le pays contre les riches, les puissants, et contre l’establishment en général. Cette haine a été habilement exploitée par Trump, qui s’est présenté comme le candidat anti-système face aux Démocrates et aux Républicains discrédités par les trahisons successives. Son élection est le reflet de la volonté de changement radical aux États-Unis, là où 1 % des Américains les plus riches possèdent plus de 34 % des richesses[5], tandis que les 50 % les plus pauvres n’en possèdent que 1 % ! La bourgeoisie n’a plus qu’à espérer que sa démagogie réactionnaire tiendra le plus longtemps possible. Elle risque d’être déçue. Trump et son gouvernement de multimilliardaires ne feront qu’aggraver la situation. En pleine crise du capitalisme, il sera contraint de multiplier les attaques contre la classe ouvrière pour satisfaire la soif de profit de la bourgeoisie.
Face à la propagande d’extrême droite, la jeunesse et les travailleurs n’ont aucune raison de perdre espoir : ils ont entre leurs mains le pouvoir d’écraser les réactionnaires déjà discrédités, en France comme aux États-Unis ! Pour contrer la démagogie des Trumps et des Le Pen, le mouvement ouvrier doit proposer comme alternative un programme révolutionnaire de rupture avec le capitalisme et d’expropriation des milliardaires ! À commencer par la liste des invités à l’investiture de Donald Trump !