J. Jab, 6 mars 2025

Depuis son implantation, le nombre d’allocataires du RSA n’a fait qu’augmenter. Chaque crise du capitalisme précipite des millions de travailleurs dans le chômage et la précarité. À l’heure actuelle, le taux de chômage, estimé à 7.4% pour 2024, est toujours au même niveau que dans les années 90[1]. Le nombre d’allocataires du RSA suit la même tendance : 1,5 million d’allocataires en 2010 suite à la crise de 2008, puis 1,8 million d’allocataires en 2023 après la crise du COVID[2]. Si la mise en place du RSA, arrachée par les grandes grèves des années 80, est un progrès majeur pour les travailleurs les plus précaires, l’objectif énoncé de « réinsertion sociale » n’a jamais été atteint, et demeure hors de portée sous le capitalisme.
Une aide misérable
Le RSA représente 635 euros par mois pour une personne seule et sans Aides Personnalisées au Logement (APL). Alors que les prix des loyers et des moyens de subsistance ne cessent d’augmenter, un allocataire du RSA survit plus qu’il ne vit, tout cela dans une absence totale de perspectives. Cette précarité est encore aggravée par les réformes gouvernementales successives. La dernière en date, appliquée dès janvier 2025, introduit 15 à 20 heures « d’activités hebdomadaires obligatoires » pour les allocataires et leur inscription automatique à France Travail. Cette réforme impose donc une forme de travail presque bénévole en échange d’une allocation dérisoire en fin de mois, qui vient même faire obstacle à la recherche d’un emploi à temps plein. Lorsque le gouvernement de Macron affirme s’appuyer sur une « expérimentation » au sein de 8 territoires durant 18 mois entre 2023 et 2024 pour imposer sa nouvelle réforme, il agit en réalité comme le chat qui joue avec la souris. Dans ce « rapport d’expérimentations »,[3] il n’y a aucune conclusion positive sur la réinsertion professionnelle des allocataires du RSA. Le nouveau dispositif (hypocritement décrit comme un « suivi »), s’avère en revanche particulièrement efficace pour contrôler les allocataires. Ils doivent se justifier en permanence et enchaînent les chemins de croix administratif. Du côté des travailleurs sociaux, l’expérimentation montre un manque de moyens humains flagrant, d’ores et déjà réduits à peau de chagrin par les réformes précédentes, alors qu’ils sont plus que jamais indispensables pour aider le nombre croissant d’allocataires du RSA. Les travailleurs font également face à l’accélération des mesures d’austérité budgétaire, comme lorsque la cour des comptes a « suggéré », fin 2024, la suppression de 100 000 emplois dans les collectivités locales, dont 500 postes à temps plein rien que pour France Travail[4]. C’est un cercle vicieux : face à la crise économique et sociale dont il est lui-même à l’origine, l’État bourgeois, afin de servir les intérêts du capital, doit attaquer toujours plus fort la classe ouvrière. Les réformes du RSA permettent avant tout aux gouvernements de faire des économies sur le dos des plus précaires, en mettant un maximum de freins à la demande d’allocation, en les stigmatisant, et en aggravant leurs conditions de vie.
Le chômage, une source de profits
En réalité, la reprise du travail n’est pas possible pour tous les salariés car il n’y a pas assez d’emplois. Le chômage de masse est le reflet de l’incapacité du capitalisme à développer les forces productives, et la bourgeoisie est incapable d’y remédier. S’ajoute à cela la nécessité pour les capitalistes de renvoyer les chômeurs sur le marché du travail pour mettre les travailleurs en concurrence et exercer une pression sur les salaires. Les plus précaires se voient obligés d’accepter un emploi en échange d’un salaire inférieur au minimum. Ils constituent une main d’œuvre à moindre coût pour les capitalistes. De cette manière, les salariés les moins dociles peuvent être remplacés au pied levé par des travailleurs moins coûteux, rendus plus obéissants par le fait d’avoir un couteau sous la gorge ! C’est ce que Marx appelle « l’armée de réserve », que les entreprises utilisent en permanence pour augmenter le taux d’exploitation de la classe ouvrière.
Comme toujours, l’État agit pour faciliter les affaires des capitalistes. La bourgeoisie française, au travers de ses médias, stigmatise un maximum les chômeurs et les allocataires, qualifiés tour à tour d’assistés, de paresseux ou même de parasites de la société ! Les travailleurs n’ont d’autre choix que de faire front ensemble contre les tentatives de division de la classe dominante, et d’amener la lutte toujours plus loin jusqu’au renversement du système capitaliste, pour que cessent d’exister le chômage et la précarité !