E. Swan, 15 juin 2025
L’hypocrisie des dirigeants occidentaux
L’hypocrisie des impérialistes a dernièrement atteint de nouveaux sommets : 18 mois après le début du génocide, les dirigeants occidentaux comme Macron, Starmer ou Carney dénoncent désormais « les actions scandaleuses » du gouvernement de Netanyahou – qui ne sont autres que le génocide de plus de 100 000 palestiniens – qu’ils financent pourtant activement, notamment par l’envoi de matériel militaire à leur allié israélien. Rien que pour la France, cela représente déjà plus de 15 Milliards d’articles militaires fournis selon le dernier rapport rendu public par plusieurs ONG.

Tandis que les massacres perpétrés par Netanyahou se sont de nouveau intensifiés depuis le 17 mai, faisant des centaines de victimes jusque dans les zones de distribution alimentaire à Gaza, Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, dénonçait, une larme de crocodile à l’œil, « la violence aveugle et le blocage de l’aide humanitaire par le gouvernement israélien ». Cela n’a pas empêché le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, de demander la dissolution du collectif Urgence Palestine, accusé d’être « antisémite », ni son homologue Sébastien Lecornu, ministre des Armées, de mentir éhontément sur la vente d’armes françaises à Israël.
En réalité, alors que le calvaire des Palestiniens n’est qu’une horreur sans fin, et que l’armée israélienne continue d’attaquer le Liban, la Syrie et l’Iran, il devient de plus en plus difficile pour les impérialistes occidentaux de justifier leur soutien à Netanyahou. Ils ne peuvent plus se contenter de marteler « le droit d’Israël à se défendre » ou de traiter d’antisémite quiconque élève la voix contre les crimes de l’État israélien.
Le Moyen-Orient est au bord de l’explosion, ce qui est très mauvais pour les affaires des capitalistes occidentaux dans la région, et au-delà. Une guerre généralisée détournerait les ressources des États-Unis de la guerre commerciale contre la Chine, leur principal rival. D’où les négociations des États-Unis avec Israël pour un cessez-le-feu en janvier, qui sont rapidement tombées à l’eau face aux velléités génocidaires incontrôlables de Netanyahou.
Alors que les dirigeants occidentaux, complices du génocide, font mine de s’émouvoir du sort des Palestiniens, ces derniers continuent à mourir sous les bombes, ou des suites de l’absence d’accès aux soins et à la nourriture. L’ensemble de la population de Gaza est menacée par la famine, encore aggravée par le blocage de l’aide humanitaire à Gaza depuis le 2 mars dernier.
L’arrestation de La Madleen
C’est dans ce contexte que La Madleen, un navire humanitaire, a été affrété par la Coalition de la Flottille de la liberté, afin d’acheminer de l’aide humanitaire à Gaza malgré le blocus israélien. Il comptait à son bord 12 militants de plusieurs pays, dont la députée européenne LFI Rima Hassan, et la militante pour la justice climatique Greta Thunberg.

Dans la nuit du 8 au 9 juin, l’armée israélienne a arrêté le voilier dans les eaux internationales – en bafouant au passage un traité de droit international de plus – à une centaine de kilomètres de Gaza. Le ministère israélien des Affaires étrangères, a par la suite déclaré dans un tweet que « Tous les passagers du “selfie yatch” sont sains et saufs. Ils ont reçu des sandwichs et de l’eau. Le spectacle est terminé».
Les accusations de « croisière du selfie » et de « coup de comm politique pour LFI » ont été reprises en chœur par les médias français. Leurs commentateurs bourgeois, pour qui le soutien de LFI aux Palestiniens est déjà insupportable, ont accusé LFI de vouloir « imposer leurs idées radicales comme acceptables » et de « réhabiliter le Hamas ».
Contrairement aux dires de l’armée israélienne et de ses relais, l’équipage du Madleen s’est bel et bien mis en danger. En 2010, l’armée israélienne avait tué 9 militants à bord du Mavi Marmara, l’un des navires humanitaires de la Flottille pour Gaza, navire similaire au Madleen. Plus récemment, début mai, un navire humanitaire de la Flottille de la Liberté a été bombardé par des drones israéliens dans les eaux internationales au large de Malte.
Le 9 juin dernier, l’armée israélienne a placé en détention l’équipage de La Madleen, après avoir tenté de les forcer à regarder des vidéos des attaques du 7 octobre.
Le gouvernement israélien a posé comme condition à la fin de leur détention la signature d’un document mensonger reconnaissant leur entrée illégale sur le territoire israélien. Certains membres de l’équipage l’ont signé et ont été expulsés dans leurs pays d’origine. D’autres, comme Rima Hassan, ont refusé de le signer malgré la menace d’un soldat israélien : « Si tu ne signes pas le papier, je te cogne la tête contre le mur » et ont été envoyés dans la prison israélienne de Givon. Ils ont finalement été renvoyés en France les 12 et 13 juin.

Bloquons l’aide militaire vers Israël !
Il faut saluer le courage et la détermination des passagers du Madleen à apporter une aide humanitaire à Gaza. Mais cette action nous montre une fois de plus que nous ne pouvons pas faire confiance au droit international ou faire appel à notre classe dirigeante pour mettre fin au génocide. Elles en sont les premières complices. Quant à l’ONU et les autres « institutions internationales », elles sont restées, depuis 75 ans, complètement passives face aux crimes de la classe dirigeante israélienne.
Pour libérer Gaza nous ne pouvons pas nous satisfaire de supplier nos classes dirigeantes impérialistes, nous devons les renverser ! Pour cela, nous ne pouvons compter que sur nos propres forces ! La solidarité internationale peut se transformer en action efficace en bloquant directement l’aide militaire que nos États complices envoient à Israël. Les dockers du Golfe de Fos, en refusant de charger des conteneurs remplis d’armes à destination d’Israël, ont ouvert la voie. Mais une telle action ne doit pas rester isolée. Le mouvement ouvrier doit s’organiser pour bloquer partout, par des grèves, tout soutien au gouvernement israélien. C’est cette stratégie que les directions ouvrières devraient défendre et y dédier toutes leurs forces. La France Insoumise a une voix au sein du mouvement français. Avec la colère actuelle, elle pourrait mobiliser dans ce sens, pourtant elle persiste à semer des illusions vaines sur la démocratie bourgeoise. Il est temps de tirer des leçons de cette traversée de La Madleen : aucune confiance dans les gouvernements bourgeois ! Organisons-nous en un vaste mouvement de grève internationale !