La rédaction, 6 mars 2025

Le 6 février, le gouvernement est parvenu à faire passer la loi de budget par 49.3, avec le soutien des députés du Rassemblement National et du Parti Socialiste. Au programme : 5,6 milliards d’euros de coupes dans les services publics, une baisse des allocations chômage, une baisse de l’aide médicale d’État… et une augmentation du budget de l’armée à hauteur de 3,3 milliards d’euros.
Le Rassemblement National et les macronistes mènent de facto le même programme. Les références de Bayrou à la « submersion migratoire » et à « l’identité française », comme les envolées racistes et sécuritaires des Darmanin et des Retailleau laissent peu de doute sur le sujet.
Alors que le racisme s’impose comme la clé de voûte du gouvernement, le RN se débarrasse peu à peu de son vernis social.
Pour beaucoup, ce rapprochement s’explique par la progression de l’extrême droite dans la société et les institutions. Mais si cette dernière progresse bel et bien, il ne faut pas croire les représentants du « centre » bourgeois, comme Bayrou, lorsqu’ils nous expliquent qu’ils se rapprochent des discours de Le Pen parce que « c’est ce qui intéresse les français ». Si l’ensemble des défenseurs du capitalisme français, du RN au PS, sont aussi pressés de camoufler les politiques d’austérité derrière les polémiques sécuritaires, sur les musulmans, sur l’antisémitisme… Ce n’est pas simplement pour plaire à l’électorat de Le Pen. C’est parce que cette stratégie répond aux intérêts du capitalisme français. De même, lorsque Bardella déclare le 18 février qu’il entend le « cri de Bernard Arnault » qui demande de nouvelles baisses de taxes pour les grandes entreprises, il obéit aux intérêts de la classe qu’il défend.
Un seul programme : celui de la bourgeoisie
La bourgeoisie française réclame à grands « cris » le sacrifice de la classe ouvrière et des services publics sur l’autel de la « compétitivité » et de la dette de l’État. Le seul rôle des macronistes et du RN est de répondre à ces demandes, et pour cela ils doivent adopter la même feuille de route. Pour imposer l’austérité aux travailleurs, il faut absolument les diviser. C’est la raison pour laquelle tout parti qui veut défendre sérieusement les intérêts de la bourgeoisie à l’heure actuelle doit nécessairement adopter une politique raciste. La droite du NFP ne fait pas exception à la règle. Le Parti Socialiste est passé maître dans l’art d’utiliser les débats sur la « laïcité » pour faire oublier ses contre-réformes. C’est François Hollande et non Marine Le Pen qui a utilisé le débat sur le voile et l’état d’urgence pour attaquer violemment les travailleurs et verser des milliards d’euros d’aide aux grandes entreprises. Dans le même registre, la capitulation d’EELV, du PCF et du PS sur la question du génocide en Palestine et leur ralliement aux accusations d’antisémitisme contre LFI sont des concessions directes à la propagande raciste de la bourgeoisie.
Pour la plupart des jeunes et des travailleurs, la trahison et la liquidation de leurs droits par le Parti Socialiste n’est désormais plus une surprise, c’est devenu une habitude. L’été dernier, des millions de Français ont placé un bulletin PS dans l’urne en sachant pertinemment que ce n’était qu’une question de temps avant que le député en question ne les trahisse. Cette situation absurde est la conséquence directe de la politique de la France Insoumise, qui a refusé de rompre avec sa droite et a tendu la perche aux partis les plus discrédités de la gauche en formant la NUPES en 2022, puis le NFP en 2024.
En agissant ainsi, elle a ouvert un boulevard au RN, qui profite largement d’avoir comme adversaires une « union de la gauche » dont la plupart des composantes ont déjà trahi la classe ouvrière à plusieurs reprises lorsqu’ils étaient au pouvoir. Le Pen et Bardella ont dû se frotter les mains en voyant Mélenchon rallier le « front républicain » avec les macronistes contre l’extrême droite. Ils ont pu se présenter une nouvelle fois comme le parti « anti-système », tout en continuant à supprimer une par une les mesures qui servaient de vernis social à leur programme.
Les contradictions du NFP n’ont pas mis longtemps à éclater, tout comme la rhétorique « anti-système » du RN. Mais maintenant que la nature de ces partis est exposée au grand jour, que la droite du NFP et l’extrême droite décident de soutenir le macronisme au nom de la « stabilité des institutions », reste la question suivante : que peuvent faire les communistes et le mouvement ouvrier ?
Le mouvement ouvrier doit contre-attaquer
Si la crise gouvernementale actuelle est une catastrophe pour les représentants bourgeois, de droite comme de gauche, c’est précisément le contraire pour le mouvement ouvrier. Le gouvernement Bayrou est d’autant plus fragile qu’il est soutenu par le RN et par le PS. Le mouvement ouvrier doit en profiter pour attaquer, entrer dans la brèche et balayer l’ensemble des politiques d’austérité.
Sophie Binet a raison de dire que l’abrogation de la réforme des retraites « ne se jouera pas en conclave, mais dans la rue ». Mais la CGT ne peut pas se contenter d’appeler vaguement de ses vœux à un mouvement social. Les grèves se multiplient déjà, les facs se mobilisent, la responsabilité des syndicats et de l’ensemble des directions ouvrières est de préparer un plan d’action pour mener une bataille décisive contre le gouvernement.
Pour la CGT, cela signifie rompre avec la stratégie perdante des journées d’action. À ce stade, seule une grève générale peut menacer sérieusement le gouvernement. Les syndicats aiment déclarer qu’une telle grève « ne se décrète pas ». En revanche, elle se construit et se prépare, en commençant par unir et élargir les mobilisations et les grèves isolées qui existent déjà et qui ne peuvent pas, à elles seules, battre la bourgeoisie et son gouvernement de coalition.
La FI, quant à elle, doit rompre avec sa droite et en finir avec le NFP. Si elle veut représenter une alternative un tant soit peu crédible à l’extrême droite, elle doit se séparer définitivement des partisans de la « stabilité » des institutions.
Les directions ouvrières doivent cesser de pleurer l’instabilité des institutions et la traiter pour ce qu’elle est : une position de faiblesse de nos ennemis de classe, que notre camp social a le devoir d’exploiter.
Tu es communiste ? Organise-toi !
Les directions réformistes ont un boulevard devant elles pour mener la lutte contre le gouvernement. Mais la nature même du réformisme les pousse à abandonner la lutte des classes pour se coucher face au parlementarisme et au respect des institutions.
Malgré l’impasse de sa stratégie, la direction de la CGT refuse toujours de rompre avec les journées d’actions et de mobiliser la classe ouvrière pour une bataille décisive. Quant à la France Insoumise, elle a montré, ces trois dernières années, une incapacité totale à rompre avec sa droite.

Les dirigeants insoumis disent « plus jamais PS » un jour, mais s’allient systématiquement avec le centre-gauche le lendemain.
Il est urgent de remplacer les directions réformistes qui condamnent le mouvement à la défaite. Pour mener la lutte actuelle contre la bourgeoisie, le mouvement ouvrier a besoin des idées et des méthodes du marxisme révolutionnaire. À l’heure actuelle, ces idées restent minoritaires, mais les idées communistes sont de plus en plus populaires dans les couches les plus conscientes de la classe ouvrière, et surtout, de la jeunesse.
Dans cette période, les communistes ont un rôle à jouer. Les révolutionnaires doivent s’organiser et former ces couches de plus en plus larges de militants ouverts aux idées du marxisme. Il faut former les communistes qui seront capables d’imposer à nouveau ces idées et ces méthodes dans l’avant-garde de la classe ouvrière.
C’est la tâche que nous nous sommes fixés à l’Appel Communiste, et nous avons besoin de toutes les forces disponibles pour nous aider à la mener à bien. Si tu es communiste et que tu veux participer à la construction des forces du marxisme en France, rejoins-nous !